Vous remarquerez que Ulysse, c'est la question de savoir ce qui est né, ce qu'il en est de naître, de n'être. C'est-à-dire que le monologue de Molly est précisément un point d'orgue, au sens d'un point d'organe, c'est-à-dire quelque chose qui en finit précisément avec cette histoire du corps. Pour cela, il fallait passer par beaucoup de choses, dans Ulysse, notamment par la mise en scène hallucinatoire des Métamorphoses, monde des doubles psychiques, du bordel, du bordel de l'Histoire, bordel de l'Histoire-cauchemar, avec toujours comme principe que Dieu n'est pas à chercher ailleurs que dans ce qui libidine ; ce qui est quand même extrêmement nouveau ; c'est dans ce qui libidine qu'on repère les dénégations ; ça s'engendre, ça se tripote, ça se mélange, ça se métamorphose, ça croit changer de sexe, ça revient à travers des incarnations de semblants ; et après ça, grosse de ça, une femme, qui se parle, accouche... accouche de quoi ? On croit que c'est la fin, elle accouche d'un "oui"... Elle accouche évidemment de ce que Joyce indique qu'il s'est rendu capable de faire, c'est-à-dire de Finnegans Wake.