Systole, diastole.
Tout palpite. Ma prison s'évanouit. Les murs s'abattent, battent des ailes. La vie m'enlève dans les airs comme un gigantesque vautour. A cette hauteur, la terre s'arrondit comme une poitrine. On voit à travers son écorce transparente les veines du sous-sol charrier des pulsations rouges. De l'autre côté, les fleuves remontent, bleus, comme du sang artériel et où éclosent des milliards et des milliards d'êtres. Par au-dessus, comme des poumons noirâtres, les mers se gonflent et se dégonflent alternativement. Les deux yeux des glaciers sont tout proches et roulent lentement leur prunelle. Voici la double sphère d'un front, l'arête brusque d'un nez, des méplats rocailleux, des parois perpendiculaires. je survole le mont d'ore plus chenu que la tête de Charlemagne et j'atterris sur le bord de l'oreille qui s'ouvre comme un cratère lunaire.
C'est mon aire.
Mon territoire de chasse.