On sait qu'il est devenu extrêmement facile de déguiser des policiers en artistes. Quand les dernières imitations d'un néo-dadaïsme retourné sont autorisées à pontifier glorieusement dans le médiatique, et donc aussi bien à modifier un peu le décor des palais officiels, comme les fous les rois de pacotille, on voit que d'un même mouvement une couverture culturelle se trouve garantie à tous les agents ou supplétifs des réseaux d'influence de L'Etat. On ouvre des pseudos-musées vide, ou des pseudos-centres de recherche sur l'oeuvre complète d'un personnage inexistant, aussi vite que l'on fait la réputation de journalistes-policiers, ou d'historiens-policiers, ou de romanciers-policiers. Arthur Cravan voyait sans doute venir ce monde quand il écrivait dans Maintenant : "Dans la rue on ne verra bientôt plus que des artistes, et on aura toutes les peines du monde à y découvrir une homme." Tel est bien le sens de cette forme rajeunie d'une ancienne boutade des voyous de Paris : " Salut, les artistes ! Tant pis si je me trompe."