Peut-être est-ce par l'exaspération, par la radicalisation de ma langue, par l'amélioration de mon art, par la fructification inattendue de ce don artistique, donc par le renforcement de cette scène où le sexe apparaît plutôt comme une nécessité fantomatique, par le renforcement de cette représentation de cette séparation, que je serais, comme on dit, susceptible de revenir non pas à ma foi d'origine mais à plus encore : au tourment, au supplice en somme qu'il y a pour l'être humain à vivre sans absolu. Au lieu de cet absolu, il faut se contenter, hélas, de l'élan vital du Moi qui résiste à tout. C'est l'élan vital du Moi, plus fort que toutes les peines, que toutes les douleurs des autres, plus fort que toutes les morts autour de soi après lesquelles on pensait ne plus pouvoir vivre, plus fort que toutes les pertes de foi imaginables, c'est cet élan, terrible et formidable, qui sépare l'homme de cet absolu, qui rend l'absolu caduc, qui l'éteint, qui le fait exploser. L'empathie la plus complète avec l'autre n'empêche pas qu'on n'est pas l'autre. Y a-t-il dans tout ça de quoi en remettre? C'est là-dessus que l'art travaille, c'est à partir de ce constat difficile, vertigineux, qu'on peut commencer à créer.