Publication permanente

Une voix, une voix qui se cherche un visage, une voix sans conventions, un corps entravé qui se décide à jouer. C’est mené tambour battant, des accélérations foudroyantes, des accrochages impeccables, des accidents mortels pour se défaire de la machine à frustrations, et aussi des échanges de rôles confiés au langage, tout un univers mouvant de présences palpables hors-champs, des associations célibataires et l’égarement de mon œil menacé par ce tourbillon qui tourne autour d’un centre absent (rébellion avec violence, sans arme et sans réunion : devenu adulte son cerveau se retourna contre lui)… Monde paradoxal dans lequel la logique de l’esprit et celle des passions se fondent pour enregistrer des séquences violentes, des mises en danger, des désordres, des pertes d’identité, des crashs ; Ecce Homo posant un pied en avant, mon corps basculant à la suite de mon pied et le monde entier à la suite de mon corps. Mes mots venant de loin, d’on ne sait trop quel fond obscur, ouvrant des brèches, s’échappant à pleine vitesse d’une tombe entrouverte, tentant de forcer le passage à coup d’armes automatiques dans le déchiffrage de plus en plus flou de ce puzzle absurde, saisis de convulsions électriques si violentes que les milliards de sensations qui parlent à travers eux s’arrachent de ma chair pour embrasser le paysage le plus proche. Atteint d’une forme moderne de la peste, je suis rempli d’un langage que je vomis au ralenti et il n’y a pas de révolte plus violente que mon corps puisse formuler dans son langage propre contre cet ordre nauséabond dont il est l'insoumis. Fiévreusement, je maintiens l’impossible dans le possible, le virtuel dans le réel, c’est maintenant ou jamais, parce qu’une telle quantité de chair ignorée, démantelée ou révélée dans des conditions extrêmes, lorsque c’est trop tard, devient une entité où se dissout toute singularité. Si je pouvais remonter de la surface jusqu’à sa source, dessiner les contours de la créature : le premier grand pas dans la démolition, la première grande phase du chaos, la subordination des principes mécaniques au grand élément organique.