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Cette belle soirée me pousse à agir, à imposer ma volonté. Assis par terre, les genoux redressés, je suis surpris d’être heureux, vers le début du XXI ème siècle.

Mes goûts, mes buts, irréductibles aux opinions des masses, me séparaient de la plupart de mes contemporains ; j’étais au service d’une action autrement plus sérieuse que les affaires communes, j’avais les goûts d’une communauté encore inconnue dont les membres, sans forcément se le dire, peu à peu se reconnaissaient. Il nous suffisait aujourd’hui d’être naturels pour étonner universellement. C’était cela le réel, le durable, l’inoubliable. Avec des errements, la couleur passionnée dans le cri et les appels lointains qui éveillent des éclats inattendus.

Plus fort que le chagrin, la nécessité de vivre, et même de proclamer le triomphe de la vie, le sentiment océanique de la vie qui fait rage, s’élance, implacable. Cette force vient de quelque part : d’un rapport à la solitude. S’exiler. Apprendre à être seul. Voilà un début de réponse. Le besoin d’hommes et de femmes, la fièvre de les posséder et d’être sauvé par eux, cela aussi guérissait en moi. C’est la peur qui rend les hommes fous : mais voilà nous sommes tous fous et pourtant nul n’a le droit d’imposer à autrui sa folie propre. Voilà une loi, un principe indiscutable.