Cruauté, cynisme et spectacle sont le bain naturel des esprits anesthésiés par leur propre désarroi. Médicaments et drogues abrutissantes dans des lieux branchés, à la mode. Bistouris fabriquant des visages et des corps adaptables à merci. Crever vivant mais le sourire abruti aux lèvres, beau et jeune comme lors des premières fêtes où l’on était admis. La neurasthénie, cinq, dix ans plus tard veut la limitation et la séparation. Se sentir perdu, boueux, pourri parce que tout est neutralisé. Les longues soirées d’hiver, c’est la guerre ; ils créent autour d’eux une étrange zone de vide, inquiétante. Dans les vernissages, les fêtes, les cafés, dans les rues, des silhouettes se croisent, perdues dans le paysage et tout semble comme dans un cauchemar parce que tout se répète inlassablement de la même façon et ce cauchemar est celui d’une génération sans consistance, suicidée sans le savoir. Quand ils se réveilleront, si seulement cela se produit, auront-ils honte d’avoir vu cette époque à travers son spectacle et non ses sensations ? Seront-ils plus heureux ? Non, c’est trop tard, ils se sont accommodés à leur jeunesse dorée et stupéfaite, à leur connerie.
Alors Que reste t-il quand on ne se résout pas à jouer ce jeu là ? Ne plus appréhender son état intérieur comme un climax mais une constance est un début de réponse.
En attendant, le tombeau nihiliste reste ouvert. La menace majeure ne vient pas du dehors mais réside dans notre lassitude et notre faiblesse morale, dans le défaut de nouvelles valeurs et dans le renoncement à nos promesses. C’est un jeu où les dés sont pipés d’avance. Ils s’exténuent comme des pseudos-psychotiques dans un reality show et tomberont ensembles parce que cette position sera de plus en plus intenable.
C’est la traversée qui compte. Comment connaître, appréhender le Paradis si on n’a pas traversé l’enfer ? Comment faire la différence ?