Publication permanente

Tout est flouté, comme si plusieurs surimpressions se chevauchaient en un rendu grotesque. Au lieu de refaire la photo, on nous oppose, de façon ultra-violente, une tyrannie de l’immuable. Nous allons vers le pire et changer de direction paraît encore pire que ce pire : la maladie vaut mieux que la guérison. Retour à l’ordre. On n’y voit plus rien et c’est la vie elle-même qui semble être paralysée. « ON NE BOUGE PLUS » est le slogan ultime sauf que c’est la police et non plus le photographe ou le cinéaste qui prononce la sentence. Alors nous nous mettons insidieusement à penser qu’il n’y a plus d’alternative aux passions tristes et à la dévastation programmée de tout. Mais, les nobles ont disparu parce qu’ils méprisaient l’argent ; les bourgeois disparaîtront parce qu’ils le vénèrent. Quand on place l’argent comme valeur ajoutée immuable de la construction d’un monde, les effets sont précis : la haine en suspension dans l’air ; l’envie, le ressentiment qui dominent ; les effets de destruction qui pullulent, fragilisant ceux qui ne le peuvent supporter, par incompréhension, bonté, esprit d'égalité. Nous jouissons à présent d’une liberté purement négative, résidu insane une fois que l’économie, la sécurité, le social y ont puisé leurs dividendes. Tout semble à (re)faire. Tant mieux...