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Embrassez l’aube d’été. Rythme, musique, mouvement, couleurs. Soyez toujours en situation, tout en ayant l’air d’être là par hasard : vous éveillerez la curiosité. Préméditez vos gestes. Pensez à autre chose qu’au spectacle, c’est une victoire sur votre aliénation. Considérez la tolérance, dans ses formes extrêmes, comme un péché d’orgueil absolu. Préférez l’orgueil à l’amour-propre. Evitez la complaisance, vous retomberez sur vos pieds. Ne vous noyez pas dans l’excès sauf en ce qui concerne la volupté. Soyez cynique à doses infimes. Devenez un agent double. Abondez dans le sens de l’ennemi quand il approche, vous en apprendrez sur lui, vous affûterez vos armes. Ne cédez pas sur votre désir. Ne vous résolvez jamais à devenir les robots détraqués et commandés à distance de la fin de l’Histoire : chacun est singulier, fait partie d’une histoire, d’un grand récit. Pensez toujours par vous-même, vous aiderez les autres. Ne vous illusionnez jamais sur vos capacités ; chacun a une place à conquérir, avec ses mains, sa pensée, avec son cœur. Franchissez les idées intermédiaires qui vous séparent du but vers lequel vous tendez. Devenez puissant, rusé, méprisant envers ceux qui vous méprisent, bons envers ceux qui le méritent. N’enviez jamais quelqu’un ; soyez au contraire impressionné par la vie et curieux, infiniment curieux. Encouragez la scission sous toutes ses formes, même avec vos propres schémas de pensée, surtout avec eux, vous en sortirez grandi. Cessez l’empathie, maintenant. Maintenez votre révolte intacte tout en gardant raison ; la raison c’est ce qu’il y a de plus précieux, elle vous emmènera loin. Affrontez tout directement, nul besoin de prendre de drogues, sauf par goût de l’expérience. Déconnectez-vous : le réseau est une drogue dure. Prenez le temps de faire ce qu’il y a à faire : la perfection doit guider toutes les entreprises sérieuses que vous accomplissez. Ne crachez pas sur la politique car elle est la condition de votre liberté. Aimez la réciprocité, le don, le désintéressement, la gratuité, l’amitié, l’amour : la récompense est au bout du chemin. Tirez le meilleur vers vous. Favorisez les bonnes rencontres, évitez systématiquement les mauvaises. Faites des expériences et tirez en des leçons chaque fois. Sachez dire oui ou non exactement quand il le faut. Soyez ouverts aux nouvelles idées, à l’inconnu, aux promesses et décidez après coup de ce qui est bon pour vous. L’infini, l’absolu existent : sachez en être les gardiens. Laissez aux caniches le pragmatisme, le consensus, l’idée du moins pire et de la liberté qui s’arrête forcément quelque part : c’est avec ces idées là qu’on va en esclave vers le pire des mondes possibles. Préférez l’amitié à la camaraderie groupusculaire fasciste, au moins ce sera pour la vie. Adoptez un athéisme conséquent en restant ouverts à l’expérience poétique et aux pensées spirituelles et religieuses car grandes sont les choses qu’elles ont créées. Soyez un anarchiste intelligent jusqu’à ce que la situation vous dissuade de le rester. N’attendez pas l’événement, préparez-le : il est d’abord intérieur. Faites des choix, et encore des choix : c’est le seul moyen de prendre en main son existence. Brisez les idoles : elles sont des obstacles à vos actions et vos pensées. Votre vie n’a pas plus d’importance que celle d’un illégal ou d’un clochard, et réciproquement : redescendez sur terre.