Nous voulons, tant ce feu, brûle le cerveau, plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel qu'importe? Au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau!


"Citoyens, par quelle illusion vous persuaderait-on que vous êtes inhumains? Votre tribunal révolutionnaire a fait périr trois cents scélérats depuis un an : et l'inquisition d'Espagne n'en a t-elle pas fait plus? Et pour quelle cause, grand dieu! Et les tribunaux d'Angleterre n'ont-ils égorgé personne cette année? [...] Et les cachots d'Allemagne où le peuple est enterré, on ne vous en parle point!" s'exclamait Saint-Just le 8 ventôse an II (26 fev.1794). Quel est donc le prix de la terreur? On pourrait répondre classiquement que les deux mois qui séparent le 22 prairial du 9 thermidor an II ont vu périr mille trois cent soixante seize personnes sur l'échafaud (gardons cependant en mémoire les proportions des usages de la cruauté : la semaine sanglante qui réprime la Commune de Paris fait 20000 morts!). Ce prix, c'est aussi celui, si coûteux, qu'il y a à fréquenter cette bordure politique du sacré. L'effroi, le dégoût, la terreur et l'enthousiasme sont les émotions qui signent l'expérience de cette bordure, là où la Révolution et ses acteurs peuvent sombrer dans le néant, là où la violence faite au corps de l'ennemi a partie liée avec une vengeance fondatrice et la souveraineté populaire.
S.Wahnich_La liberté ou la mort (essai sur la Terreur et le terrorisme)