La notion de dépense


- Je sais maintenant, dit-elle, que tu me survivras et que, me survivant, tu trahiras une mère abominable. Mais si plus tard tu te souviens de l'étreinte qui bientôt va t'unir à moi, n'oublie pas la raison pour laquelle je couchais avec des femmes. Ce n'est pa sle moment de parler de ta loque de père : était-ce un homme? Tu le sais, j'aimais rire, et peut-être n'ai-je pas fini? Jamais tu ne sauras jusqu'au dernier instant, si je riais de toi... Je ne t'ai pas laissé répondre. Sais-je encore si j'ai peur ou si je t'aime trop? Laisse-moi vaciller avec toi dans cette joie qui est la certitude d'un abîme plus entier, plus violent que tout désir. La volupté où tu sombres est déjà si grande que je puis te parler : elle sera suivie de ta défaillance. A ce moment je partirai, et jamais tu ne reverras celle qui t'attendit, pour ne te donner que son dernier souffle. Ah, serre les dents mon fils! tu ressembles à ta pine, à cette pine ruisselante de rage qui crispe mon désir comme un poignet.
G.Bataille_Ma mère