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Mais pour l'heure il me reste à régler trop de comptes ambigus et déplaisants. Ce que j'aimais, je ne l'aime plus. Ou plutôt, ne mentons pas : je l'aime encore, mais honteusement, tristement. Me voici, cette fois, dans le vrai. C'est ainsi : j'aime ce que j'aimerais ne pas aimer, ce que je souhaiterais haïr. J'aime pourtant : contre mon gré, contraint, misérable, affligé. Malheureux que je suis, j'éprouve sur moi-même la vérité du vers fameux : "je te haïrai si je peux; sinon, je t'aimerai malgré moi".
Trois ans à peine se sont écoulés depuis que cette volonté perverse et néfaste, qui régnait sans partage au palais de mon coeur, a vu se dresser contre elle une volonté rebelle; sur le champ de bataille de mes pensées se livre encore un combat acharné, à l'issue incertaine : lequel, des deux hommes [qui sont en moi], va triompher?
F. Petrarque_L'ascension du mont Ventoux