
J'éprouvais un sentiment de fatigue et d'effroi à sentir que tout ce temps si long, non seulement avait, sans une interruption, était vécu, pensé, secrété par moi, qu'il était ma vie, qu'il était moi-même, mais encore que j'avais à toute minute, à le maintenir attaché à moi, qu'il me supportait, moi, juché à son sommet vertigineux, que je ne pouvais me mouvoir sans le déplacer.
M.Proust_Le Temps retrouvé