Maintenant, peut-être. Il s'agit de devenir le silence suivant immédiatement le bruit du corps qui vient de s'écraser en tombant, un choc mat et bref, aplati. D'être encore ici après être tombé, ou de tomber en demeurant ici. Ici, mot vertical, signe d'un corps dressé. Je serre la barre d'appui. Vertige, plaisir, comme si l'air entier montait par l'intérieur de la tête, tandis que les talons, les chevilles, la plante des pieds commencent, semble-t-il, à brûler. Fermer les yeux. Monde solide, corps incroyablement léger qui flotte en lui-même, paraît descendre, planer, couler loin en lui-même, fondre et sortir par le dedans, s'illimiter sur place... Dérive immobile, fortement secouée maintenant, impossible à maîtriser de l'autre côté d'une cloison invisible, intouchable ; grande cloison de lumière qui s'approche et s'éloigne, contenant à peine une vibration, un flux incessants... Encore un instant, elle va céder, elle va disparaître : "Je suis sûre qu'on pourrait s'en aller en se laissant aller, en s'abandonnant. Ne plus bouger, ni respirer ; commander cette pente imperceptible ; laisser faire, glisser... Mais on se ressaisit toujours trop tôt."