Et pourtant je vis, j'ai découvert même que je tenais à la vie. Plus je me suis trouvé parfois des raisons d'en finir avec elle, plus je me suis surpris à admirer cette lame quelconque de parquet : c'était vraiment comme de la soie, de la soie qui eût été belle comme l'eau. 
Il m'importe peu d'avoir raison. Je cherche le concret. C'est pourquoi je parle. Je n'admets pas qu'on discute les conditions de la parole, ou celles de l'expression. Le concret n'a d'autre expression que la poésie. Je n'admets pas qu'on discute les conditions de la poésie.
Et si la vie, comme à tout autre, m'a infligé quelques déboires, pour moi l'essentiel est que je n'ai pas transigé avec les trois causes que j'avais embrassées au départ et qui sont le poésie, l'amour et la liberté. Cela supposait le maintien d'un certain état de grâce. Ces trois causes ne m'ont apporté aucune déconvenue. Mon seul orgueil serait de n'en avoir pas démérité.