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Tout à recommencer, encore. Nous répétons les mêmes mots, les mêmes pensées, les mêmes gestes. Il me semble que la logique ne peut plus être comprise par quiconque et que dans un même mouvement nous ayons perdu la magie du réel, le surnaturel. Nous sommes condamnés à résister, à errer à contre-courant d’un discours monstrueux. L’humanité, à présent, fait plier l’axe de la terre. C’est une maladie de la mort. Tout dans la destruction, l’impuissance, le prétendu destin qui s’alarme et nous faisons semblant de ne pas voir qu’il n’y a aucune fatalité là-dedans. C’est si simple. Ce qu’il nous reste ? Se détourner, biaiser, nous éviter. Le confort dans l’asservissement : la liberté et les lumières qui s’éteignent. Mais, tout revient à l’esprit, au désir, à la raison, pas au dollar ni à l’euro. Il vaut mieux feindre de ne pas être au courant, rester insensible à ce langage vérolé. Le discours social organise la farce, la mascarade, et celui-ci tout le monde y croit comme une nouvelle sorcellerie et sa chapelle de drogués. Il remplace dieu, une certaine idée de l’homme, il étend la pulsion de mort jusque dans l’idée de bonheur. Il nous recrée à son image, imprime en nous ses affects tristes. Nous faisons partie de l’actualité, de la bande image-son qui défile dans nos cerveaux nécrosés. Nous devenons sadiques à force de n’avoir plus d’intérêts en rien, de ne plus jouir que dans la précocité, de ne plus désirer que dans l’affirmation névrosée. Tout à recommencer, toujours. Les révolutions, le nouvel esprit, la nature qui s’alarme, la volupté. Encore, encore, encore. La vigilance ne suffit pas, ne suffira jamais. Il faut quelque chose de plus ; ce plus c’est l’absolu. Nous sommes dans la méfiance, le ressentiment, la minuscule idée de nous-mêmes. C’est un angle de tir qu’il est nécessaire de corriger. Regardez autour de vous. Etes vous heureux ? Pas vraiment. Manque t-il quelque chose ? Oui, toujours ; mais pour supporter le manque qui tient nos corps, l’éternel doit se combiner avec le transitoire ; l’absolu avec la réalité ; l’avenir avec le présent ; le désir avec la jouissance. La rébellion est entamée ! Préparez vos armes ! Franchissez la frontière ! Il faut rompre une vision dépassée du monde ! Retrouver le point aveugle tragique ! Nous ne sommes pas au bout de nos peines ! Tout à recommencer, toujours… Tenir le coup, transmettre la subversion, aller de l’avant, être des résistants implacables malgré nos handicaps et les barrières efficaces dressées devant nous. Ils sont nombreux ceux qui ont coupé avec les transferts médiatiques : toutes ces antennes qui proclament à chaque minute que l’aliénation est ce qu’il reste, qui répétent en un bruit assourdissant que les jours meilleurs, la liberté, le bien-être et la dignité sont des idées périmées. Ils sont nombreux ces garçons et ces filles de vingt ans, de trente ans, de soixante ans qui ne lâcheront pas le morceau, méprisant fièrement le retour à l’ordre pendant que le renoncement pointe chez ceux qui ne supportent plus leur jeunesse disparue. Mais la jeunesse est là et ne disparaît jamais et renaît explosive quand le jeu en vaut la chandelle. Et la belle idée de changer les choses sert de matrice à tous ceux que ne laisse pas indifférent le sort de la planète, puisque pour la première fois dans l’histoire humaine, nous sommes embarqués sur le même bateau, et plus précisément à bord de la même galère.